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Libération
Critique

Ressources inhumaines

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publié le 2 janvier 2008 à 1h48

Tandis que, dans l'euphorie sarkozyenne ambiante, il est de bon ton de s'extasier sur la prospérité de l'économie britannique et la baisse exemplaire du nombre de ses chômeurs, le nouveau film de Ken Loach vient souffler un petit vent cinglant de désespoir social parfaitement salutaire. Un avertissement s'impose auprès des spectateurs sensibles : il n'est pas impossible de discerner dans It's a Free World un message de gauche, même si ce n'est plus la mode, et sortir de la salle infiniment moins confiant dans l'avenir qu'en y entrant. Vous voilà prévenus.

Sainte colère. Comme presque toujours chez le cinéaste et documentariste, son film est tourné au ras du trottoir glacé de Londres, qui a rarement semblé à la fois si moderne et cafardeux. Pas de masure insalubre ou de ruelle en briques rouges de carte postale dans cet East End, mais une ville proprette, bourrée de jeunes gens bien sapés, aux dents acérées. Une ville qui sait également dissimuler ses arrière-cours nauséabondes, qui n'ont rien à envier aux sordides quartiers ouvriers de l'imagerie victorienne. Désormais, pauvre comme riche, chacun a sa chance dans cette économie de marché où «gagner plus» est le seul horizon qui vaille, peu importent les moyens pour y parvenir. Certes, le discours n'est pas exactement une révélation, mais Loach a le bon goût de ne jamais verser dans la caricature et a surtout trouvé en Kierston Wareing une actrice principale formidable de justesse et de charme.

Elle est Angie, une jolie