Directeur de la photo ayant travaillé avec quelques-uns des plus importants cinéastes français (Leos Carax, Arnaud Desplechin, Patrice Chéreau, Olivier Assayas, Alain Resnais), Eric Gautier élargit son champ d'action. Après Carnets de voyage, sur la jeunesse du Che et sous la direction du Brésilien Walter Salles, il était le complice de Sean Penn sur Into the Wild. Il raconte son équipée américaine.
Quel a été votre premier contact avec Sean Penn ? En fait, il m'a téléphoné alors que j'étais en plein tournage de Coeurs d'Alain Resnais. Il avait aimé Carnets de voyage de Walter Salles et Intimité de Patrice Chéreau, deux films de styles très différents sur lesquels j'avais travaillé. Avant de m'envoyer le scénario, il voulait savoir si j'étais prêt à me lancer dans une aventure qui allait prendre huit mois, d'avril à novembre 2006. On s'est très peu parlé en fait.
Penn avance toujours sur l'intuition, il fait des paris incroyables. Il cherchait un opérateur étranger, ne voulait pas d'un opérateur américain. Il s'agit d'un film avec des problèmes de logistique énormes et il voulait éviter la lourdeur d'une grosse équipe américaine traditionnelle, où on résout tout par l'argent. Il voulait quelque chose de plus souple. Je suis parti à San Francisco deux jours après la fin du Resnais, déjà passablement rétamé de fatigue. Penn est venu me chercher lui-même à l'aéroport et m'a ramené chez lui en voiture, ce qui, au passage, résume bien le pe