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Libération
Critique

Un «Tueur» si proche

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publié le 9 janvier 2008 à 1h52

La veille de Noël, à Paris, un homme d'affaires, Léo Zimmerman, se sent épié. Il réalise des culbutes financières importantes en jouant des gros coups à la Bourse, spéculant sur la fluctuation du yen. C'est un homme stressé et vitreux. Il ne rêve pas, il y a bien un contrat sur sa tête et un tueur à ses trousses, un certain Kopas, au physique longiligne de serpent.

Ce pourrait être le début d'une longue traque, mais le scénario désorganise ce schéma narratif attendu : Zimmerman entreprend Kopas, il scelle un accord avec lui. OK pour se faire buter sans bavure, mais pas tout de suite, dans une semaine, le temps de régler sa succession, que sa fortune tombe entre la main de sa petite fille, et non dans l'escarcelle de son épouse, qui le trompe. Zimmerman va plus loin. Il paie une chambre d'hôtel à Kopas, règle les notes de frais.

Soin maniaque. Cédric Anger a d'abord été un critique aiguisé aux Cahiers du cinéma, puis il a coécrit des scénarios (avec Xavier Beauvois notamment, qui tient ici un second rôle de trader fourbe). Il réalise avec le Tueur un premier long-métrage, qui se situe dans une filiation stylée : aussi bien les premiers polars de Kitano (l'humour à froid, l'action traitée comme un retard à l'allumage) que Michael Mann (le goût pour l'architecture contemporaine des grandes villes).

Le cinéaste ne craint manifestement pas de jouer à l'élève appliqué (quoique brillant), tant chaque plan semble comme tiré à la règle, avec un soin maniaque du trait net s