Présenté en 1991 en clôture du Festival de Cannes, Thelma & Louise fit un drôle d’effet qui reste entier. Primo parce qu’à l’époque, on n’attendait plus grand-chose de Ridley Scott, au moins depuis Blade Runner (1982). La surprise fut donc intense de le trouver si frétillant et maestro dans une comédie de genre : deux copines en virée virant au drame. Deuzio, parce que malin comme tout, Scott, alors au zénith de son second métier de réalisateur de publicités (Chanel, etc.), n’a pas son pareil pour tambouiller bien des références du patrimoine hollywoodien. Ce n’est pas la première fois, ni la dernière, que l’on s’attache aux pérégrinations de deux êtres humains en fuite sur les routes américaines. Idem pour l’exaltation des clichées décoratifs afférents : néons des motels, poésie des poids lourds chromés, publicités pour les paysages made in USA et, surtout, ce «putain» de Grand Canyon.
Mais la finesse du film, c'est justement son interprétation du patrimoine américain le plus majoritaire à des fins pour le moins iconoclastes. Si le paysage, filmé en hyper Cinémascope, est aussi flamboyant, c'est que les deux héroïnes sont elles-mêmes des flambeuses de la «culture» américaine la plus courante. Thelma est une femme au foyer, mariée à un vendeur de moquette. Louise, elle aussi américano-réglo, est serveuse dans un café. Elles sont bonnes copines et, à ce titre, se mitonnent un week-end de célibataires en cabriolet Thunderbird vert amande. Lunettes de so