Le nouveau film du Taïwanais Ang Lee prouve que le touche-à-tout du cinéma mondial, abonné aux oscars et aux prix en festivals, est prêt à sauter sur tous les prétextes. A cet égard, il est un des plus vaillants symptômes de la nouvelle économie à la chinoise, qui, elle non plus, n'a peur de rien pour faire entrer la monnaie.
Après les cow-boys sensibles (le Secret de Brokeback Mountain), parangon du film gay friendly recouvert d'oscars et de mouchoirs (entre autres, pour pleurer), il nous revient avec une sorte de «mystères et splendeurs de l'Orient éternel» qui tient plus du travail d'ensemblier pour vitrines de fêtes que de la mise en scène.
A un léger détail près, qui intrigue. Il ne s'agit plus de faire voler les tigres et les dragons ancestraux comme lors de sa relecture réussie du film de kung-fu, mais d'évoquer une période délicate de l'histoire chinoise : le Shanghai des années 30 et 40, où les trafics mafieux le disputaient aux intrigues politiques sanglantes pour déterminer qui, de Mao ou de Tchang Kai-shek, dirigerait la Chine après l'occupation japonaise. Autrement dit, le dossier mondialement refoulé de la collaboration et des collabos, incarné ici par un certain monsieur Yee, chef chinois de la police de Shanghai et tortionnaire notoire.
Pour figurer la résistance, un groupe d'étudiants nationalistes dont une jeune miss Wong, ravissante créature chargée de séduire Yee et de favoriser son élimination. Mais le plan se complique quand naît entre le sal