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Libération

Blockbuster sauce cairote

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publié le 16 janvier 2008 à 1h58

Hôtel Palestine, Bagdad. Des bouteilles de whisky traînent sur un bar. Dans l'épaisseur moite des fumigènes, une danseuse orientale aux cuisses luisantes de sueur titube sur un podium, essayant d'échapper aux mains gourmandes de soldats américains et de Saoudiens en tenue traditionnelle. «On arrête tout !» beugle un haut-parleur saturé. Dans un soupir résigné, les acteurs s'immobilisent, les caméras s'éteignent, Adel Adeeb bondit sur le podium. Le réalisateur égyptien de Baby Doll Night, le film le plus cher jamais produit dans le monde arabe, est excédé. Bousculant un figurant russe en tenue de GI, mou et pathétique avec ses cheveux trop longs, il mime la scène avant de retourner s'installer derrière son écran de contrôle. «Action!» hurle-t-il à nouveau.

Ambitions. «C'est une scène importante, très symbolique, puisque la danseuse représente l'Irak dont chacun essaie d'arracher un morceau», souffle Bassam Adel, chargé de communication de Good News Group. Géant des médias au Proche-Orient, avec ses radios, ses journaux, ses sociétés de production et de publicité, le groupe avait frappé fort pour ses débuts cinématographiques, en 2006, en produisant l'adaptation du roman à succès d'Alaa El Aswany, l'Immeuble Yacoubian. Un blockbuster qui a marqué la renaissance du cinéma égyptien, en mettant des moyens conséquents pour servir une histoire audacieuse et lever des tabous. «Mais Baby Doll Night est dix fois plus fort que l'Immeuble Yacoubian,