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Libération

«Reviens-moi» & «30 jours de nuit»

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par BAYON
publié le 16 janvier 2008 à 1h58

L'élément noble de Reviens-moi est le livre - plus haute instance esthétique. On voit l'héroïne écrivain morte (suicidée) conclure le film tiré de son dernier roman, qu'elle dit le premier et seul au fond - livre de l'aveu d'une vie, de l'expiation manquée. Avant cela, sublimé par Vanessa Redgrave, se déploie un drame passionnel doté des ingrédients romantiques requis : préjugés sociaux (la Belle et le Clochard), vie de château (parc, intrigues, snobisme), histoire (1914-1918), injustice (infâme, irréparable) et l'écriture donc, nouant le bouquet mélo. En bonus subtil, une intéressante variation pédérastique à l'envers, changeant du sirop usuel de l'innocence originelle : soit une jolie figure d'enfant-nympho, à l'hystérie elphique de menteuse, vicieuse, perverse-polymorphe meurtrière, graine d'écrivain. Un de ces anges propres en douceur à exterminer une communauté. Le héros saint et martyr de cette pastorale houleuse, genre d'Aidan Quinn jouvenceau, est James McAvoy, beau brun aux yeux clairs d'amant d'une Chatterley nubile. L'héroïne est double. Grand format, c'est la populairement agaçante Keira Knightley, très bien dans le décor «de-lampickesque» ; et en fillette, Saoirse Ronan, inconnue ébouriffante de perfidie.

En clou du spectacle, la guerre, donnant sa dimension «fresque» au film, avec ce que les annales retiendront comme «le travelling de Dunkerque». Une vision de débâcle qui relierait Week-end à Zuydcoote et Un long dimanche de fiançailles.<