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Libération
Critique

A Kustendorf, Emir fait le maximum

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publié le 30 janvier 2008 à 2h07

Quand Emir Kusturica vous invite, dans un anglais épaissi d'un fort accent serbo-croate, à passer quelques jours dans son village de la montagne serbe, l'impulsion la plus forte est la curiosité. Parce qu'avec le temps il est devenu une figure. De plus en plus discutable pour certains. Pour ses engagements serbes, pour cette religion orthodoxe dont il est aujourd'hui un disciple, pour cet agacement visible teinté d'un doigt de mépris que l'Ouest suscite maintenant chez lui. Comme s'il se retranchait moralement et physiquement. Emir Kusturica serait-il en voie de poutinisation ? Réflexe de légitime défense ? Autant de questions, autant de bonnes raisons en tout cas d'aller vérifier et de voir l'homme in situ, Emir en ses terres.

«Transmettre». Il faut cinq heures de minibus pour rejoindre Kustendorf. A bord, les étudiants italiens, allemands et américains conviés par Emir Kusturica à venir présenter leurs films pendant sept jours, tous frais payés. Kustendorf est une sorte de Boyard pour le cinéaste, puisque l'endroit lui appartient. Cela grâce à la manne inattendue du No Smoking Orchestra, ce groupe de fanfare punk des Balkans - Unza Unza en version originale serbo-croate - qu'il monte avec des vieux potes au milieu des années 90, un an après les controverses enfiévrées autour de sa deuxième palme d'or cannoise, Underground, dont il est sorti blessé au point d'annoncer qu'il allait mettre un terme à sa carrière.

Qu'est-ce qui l'a conduit à organiser pendant une semaine