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Libération
Interview

«Je me situe en observateur»

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publié le 30 janvier 2008 à 2h07

Nous avons rencontré pendant une petite heure Hou Hsiao-hsien, expert en déplacements (trains, exils, piano, regard), lors de son passage à Paris. Il nous éclaire sur le bonheur drôle et contemplatif, le nuage phénoménologique que constitue le Voyage du ballon rouge, en évoquant son enfance, sa femme, son producteur et son actrice.

Dans le film de Lamorisse, le ballon et l'enfant étaient complices. Dans le vôtre, c'est la distance qui prévaut et le ballon vient comme une interrogation.

En 1956, on était dans une société avec des valeurs bien définies et en tant qu'enfant, à cette époque, on était en apparence soumis à la sévérité du monde des adultes. On avait cependant dans la ville, il me semble, de grands espaces de liberté. Aujourd'hui, c'est l'inverse. Les enfants sont apparemment élevés avec moins de règles, mais les parents leur imposent toutes sortes d'activités annexes. Dans le film, Simon fait du piano, du judo (j'avais filmé une séquence que je n'ai pas gardée) et il y a aussi les jeux vidéos, etc., toute une diversité d'amusements qui sont de nouvelles contraintes. Ce qui fait que paradoxalement, les enfants sont moins libres. J'ai donc transporté le ballon rouge comme une sorte d'esprit ancien qui porterait son regard sur la société actuelle, un regard bienveillant et tendre mais qui se sait impuissant. Ce regard est un choix, une attitude. Ce regard est aussi porté par le personnage de la baby-sitter chinoise, Song, avec toutes les questions de distance (y