L'empoisonnement d'Alexandre Litvinenko, en décembre 2006, frappe d'autant les imaginations qu'il exhale un parfum de guerre froide. On y trouve une victime qui est un ancien agent secret russe devenu dissident et réfugié politique, une arme du crime très mystérieuse - le polonium -, aussi efficace qu'un mini-Tchernobyl, de surcroît versée à Londres dans un thé très britannique, et un suspect, russe lui aussi, qui apparemment n'avait aucun motif personnel pour s'en prendre au défunt.
«Courage civique». Cela aurait pu faire un bon polar. Mais ce n'est pas le genre qu'a choisi le cinéaste engagé Andreï Nekrassov, auteur notamment d'un film sur les enfants de Tchétchénie. Son documentaire porte un sous-titre révélateur : «Une rébellion». Car c'est d'un rebelle que Nekrassov entend nous parler, un homme qui, élevé dans le sérail, s'est fixé une limite à ne pas franchir. «Le plus important pour moi était de montrer l'histoire d'un acte de courage civique, explique le réalisateur à Libération.Litvinenko est un Russe typique. Il est allé au KGB en croyant défendre sa patrie, il a fait la guerre en Tchétchénie. Mais il a ses limites et il dit non, il se révolte.» Le film n'est pas une enquête sur le meurtre de l'ancien agent. Il n'offre aucune révélation. Et même s'il s'achève par la terrible interrogation de l'épouse de Litvinenko - mais d'où vient le polonium ? -, il ne répond pas aux qui, quand et comment de l'affaire. «La police britannique est la p