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Libération
Critique

«Cloverfield», l'excitation et la descente

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publié le 6 février 2008 à 2h13

Il serait injuste d'attendre de Cloverfield davantage que ce qu'il peut donner. Rien de plus que le point final d'une expérience qui a déplacé le centre de gravité du divertissement, réduisant le film au statut de récompense au terme d'un long parcours ludique. Cloverfield en salles vient donc clore un jeu habile, addictif et hautement participatif tenant en haleine pendant des mois des millions d'amateurs de mystère et de cinéma d'action. Ce terrain de jeu est évidemment le Net où ce public est, pour le moins, majoritaire.

Arsenal. Depuis juillet, une rumeur a mis au comble de l'excitation la nation geek à coups d'indices parcimonieusement distillés. Un film piloté par le producteur et réalisateur J.J. Abrams (Lost, Alias, MI3.) qui fait l'objet d'une dévotion générationnelle, quelques photos de Manhattan mis à sac (on ne s'en lasse pas) par une entité malfaisante (Godzilla ? des aliens ? Al-Qaeda ?) et une date butoir (18/1/08). La Toile s'est alors enflammée au rythme des éléments du puzzle balancés au compte-gouttes, selon une méthode dont J.J. Abrams est aujourd'hui le maître. Voici deux ans, il avait orchestré une magistrale opération pour les fans de sa série Lost, laissant croire, à grands renforts de faux sites et d'impostures, que la fiction avait débordé dans la réalité. Ainsi, la malice du projet Cloverfield consiste à détourner l'arsenal marketing promotionnel de l'industrie pour construire son canevas ficti