Successeur d'un premier film surestimé (le Retour), le Bannissement a reçu à Cannes sa volée de bois vert. L'écho critique lui a reproché d'être complaisant avec la durée, d'abuser du bras de fer avec le spectateur, de s'être perdu dans une démonstration de savoir-faire. Coupable d'être en lice la même année avec un Reygadas abusif et un Bela Tarr au summum de son propre système extatiquo-dépressif, Zviaguintsev a pris sa raclée avec les autres. En faisant le ménage dans notre mémoire embuée, on devrait même pouvoir se souvenir d'un imbécile heureux tout en eau, s'ébouriffant en déclarant qu'«à ce rythme-là, c'est tout le cinéma qu'on assassinait».
Maladresse.Quand on découvre le film ici, loin du bruit et de cette réputation de tue-l'amour professionnel, cette colère s'avère absolument inexplicable. Si l'accusation d'ennui devait s'appliquer au film, elle ne concernerait que sa première demi-heure effectivement pesante, fabriquée. Sa maladresse s'explique toutefois par une volonté forcenée d'installer un climat en sous-estimant son propre talent à dire les choses en un plan. Ce manque de confiance en sa propre puissance démontre chez le cinéaste sibérien un tempérament en tout point contraire à sa soi-disant prétention maniériste voulant à tout prix nous en foutre plein la vue. Si cette suite de temps morts lui était nécessaire, c'est pour que soit décrite la situation sans retour d'un couple qui ne connaît aucune complicité, et dont l'absence de communi