Faire tenir un monde entier dans un même plan, Jia Zhang-ke ne filme plus que pour ça. C'était l'utopie de The World, ce sera la dialectique de Useless. Au départ, un documentaire sur la créatrice de mode Ma Ke, cas à part en Chine. Le pays a beau être le point de départ de la confection qui inonde le monde, il reste quasi absent de la scène haute couture, faute de marque nationale haut de gamme.
Etranger. Useless est le nom que portent les vêtements de Ma Ke. L'inutilité, c'est l'idée qu'une créatrice doit avoir de sa propre importance dans un pays tout entier dévolu à la dimension industrielle du textile. Ma Ke pense le vêtement en artisan gâtée, fait confectionner les pièces en petit nombre dans des ateliers de Canton, ville désormais symbole de puissance économique. Canton que Zhang-ke contemple longuement tout au long du premier plan du film. Presque avec stupéfaction, un peu comme s'il ne l'avait jamais vue, étranger à son propre monde. Avec la Chine d'aujourd'hui, il n'en finit pas de faire les présentations. Le tissus, la mode, les états d'âme de Ma Ke, la créatrice mélancolique, ce ne sont là que des fils rouges, cousus d'or, pour que Zhang-ke nous fasse et se fasse une image de la Chine.
C'est toute l'ironie de son titre : combien de films semblent à ce point utiles, pour celui qui les fait comme pour celui qui les regarde. Useless tombe à point nommé. Au moment où entre la technopole de quartz de Millenium Mambo de HHH et le pire d