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Libération
Critique

Afghans planants

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publié le 13 février 2008 à 2h19

Deux gamins courent entre les échoppes d'un marché. Ils sont habillés vintage comme le rêveraient les bobos parisiens d'aujourd'hui pour leurs propres enfants : jean délavé, veste en velours, baskets seventies. Rien ne présage à l'écran que la scène se passe en Afghanistan avant l'invasion soviétique : aucune femme n'est voilée, elles portent des jupes. Aucun homme en armes ne terrorise les commerçants. A la limite, la scène pourrait se dérouler au Caire ou à Marrakech période beatnik. Mais pas à Kaboul, l'Afghanistan étant, depuis vingt ans, systématiquement associé par les journaux télévisés aux carcasses d'hélicoptères, aux barbus sanguinaires et aux femmes enfermées sous leurs burqas.

Le dernier film de Marc Forster (A l'ombre de la haine, Neverland.) propose un nouveau dépaysement. Adapté du roman du même nom de Khaled Hosseini, le film les Cerfs-volants de Kaboul respecte la complexité des sentiments humains de l'oeuvre : la culpabilité, l'admiration, l'envie, la rédemption, la peur.

Madeleine de Proust. Les deux gamins, Amir et Hassan, sont les meilleurs amis du monde, mais le premier est le fils d'un patron, Baba, un entrepreneur pashtoun libéral, bon vivant et laïc ; le second celui d'un domestique hazara, une ethnie méprisée par les autres dans l'Afghanistan d'avant l'invasion soviétique de 1979, mais aussi aujourd'hui. Hassan, illettré mais rusé, est prêt à tout pour son ami : se battre contre trois petites terreurs plus âgées qu'eux, accepter a