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Interview

Pedro Costa : «On vieillit en tournant»

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A l’affiche. Dédale. A l’occasion de la sortie de «En avant jeunesse !», Pedro Costa revient sur son travail et les doutes qui le traversent.
publié le 13 février 2008 à 2h18
(mis à jour le 13 février 2008 à 2h18)

Le très beau film de Pedro Costa, En avant jeunesse ! sort enfin en France, deux ans après sa présentation à Cannes. Après Ossos et la Chambre de Wanda, c’est la troisième immersion du cinéaste parmi les sans-grade du quartier de Fontainas, l’un des plus pauvres de Lisbonne. Entièrement centré sur la magnifique personne du vieux maçon immigré, Ventura, dont l’exil, les amours et la solitude brillent des feux universels de la douleur, ce quatrième long-métrage est sans doute celui d’une sorte d’apogée pour le cinéaste, dans ce registre si urgent et doux à la fois qui est le sien.

A bientôt cinquante ans, toujours aussi intègre dans son art et solide dans son discours, Pedro Costa se retrouve de plus en plus seul à porter sur ses épaules l'histoire du cinéma portugais moderne. Si En avant jeunesse ! enfonce obstinément le clou d'un cinéma résolu à nous montrer la vie des plus humbles, à les accompagner, à rendre justice à leur grandeur, c'est aussi un film où, pour la première fois si nettement, Costa s'engage dans un regard sur lui-même, son travail de cinéaste, son oeuvre au sens d'ouvrage, et le sens dont celle-ci se leste au fil des films et du temps. Film vertical dont l'ascension vous plaque au sol, portrait palpitant de vie et dévorant de mélancolie, En avant jeunesse ! constitue l'une des plus troublantes expériences proposées aux cinéphiles qui, en ce début de siècle, croient encore au cinéma. Comme le maçon Ventura dont il fixe éperd