Longtemps, l'Amérique nous a gonflés. Depuis quelques mois, elle envoie à nouveau des signes : pas de cinéma plus passionnant en ce moment (comme si chaque film voulait préparer le terrain électoral). Pour ne prendre que ces trois derniers mois, c'est De Palma décrivant où ensont les images et les preuves (Redacted), Gray faisant tenir la tragédie dans une voiture lancée sous un déluge (La nuit nous appartient), Haynes racontant non pas une, mais six vies du héros Dylan (I'm Not There), les Coen délirant les zones de danger (No Country.).Et aujourd'hui, Paul Thomas Anderson siphonnant le retour aux sources. De quoi les cinéastes américains ont-ils hérité au juste ? De tout le ressenti envers l'administration Bush, de l'effondrement économique annoncé, d'une position hégémonique mise à mal. La sensation que le tournant se joue en ce moment et que, si l'Amérique ne choisit pas une autre voie, la partie est finie pour de bon. Todd Haynes nous le disait en décembre : «On a la possibilité de sortir de cette période deretour à l'ordre qui n'a pas commencé sous Bush, mais sous Nixon.» Le cadre avait plus que jamais rétréci, mais comme chaque fois que le cinéma américain recommence à se mesurer à ce qui était le rêve fondateur de l'Amérique et s'aperçoit que la réalité déçoit ou trahit le pacte initial, il ressort le meilleur de lui-même. Sans doute parce que la dernière chose à laquelle entendent renoncer l'Amérique et son cinéma, c'est leu
Critique
La folie foreuse
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par Philippe Azoury
publié le 27 février 2008 à 2h29
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