Avec Cloverfield, le Cahier est le film à voir du jour. Inhumain, cela est d'abord d'une solitude préhistorique, à couper le souffle. Littéralement. Une explosion de principe et final fonde de fait conjointement le Cahier et Cloverfield.
Un enfant mongol criard joue la réincarnation immanente instantanée de Bouddha, réduisant mine de rien à néant les efforts de pilonnage coranique des doux géants de pierre millénaires de Bamiyan. Les cris alphabétiques de l'enfant jaune inspirent à une voisine troglodyte l'esprit des mots, soit le salut. Voilà tout le film, miracle.
D'une poésie poignante (un bateau de papier flottant vers l'école de filles, terre promise introuvable, fait une épopée ; un tube de rouge à lèvres une Genèse),ce Cahier, parent de l'Enfant endormi et Dalat en âpreté d'épure désertique suspendue, se présente comme un film d'enfants, sur la lubie d'une fillette en fichu d'aller à l'école «apprendre des histoires drôles». Aussi et surtout, c'est une évocation, à la violence commotionnante (d'être si désarmante), de l'obscurantisme. Incurable, indéracinable, désespérant semble-t-il, et pourtant.
Deux mots, au détour du dramaticule immense et épuisant, font de l'air. «On t'a appris des belles choses ?», demande à la fin du jour little Bouddha. «Personne n'a rien voulu m'apprendre, répond la fillette. J'ai tout appris toute seule.» De l'existentialisme à l'oeuvre en terres à charia.
L'autre sés