Passer à l'heure d'été : avancer collectivement les aiguilles d'une heure. Ceux qui oublient de le faire retardent. La fuite du temps, la hantise que les choses vieillissent et qu'il y a tout à perdre à s'y accrocher, mais la lucidité aussi devant le vertige et la violence réelle que suppose tout élan d'amnésie, d'infidélité à son héritage, est le sujet qui traverse tout le cinéma d'Assayas, et ce depuis son premier film, Désordre, film d'adieu au rock. Film cruel où celui qui refusait de grandir (se trahir) était le seul du groupe à rester sur le carreau.
Il n'est pas contradictoire que cette Heure d'été succède immédiatement au très empressé polar hongkongais Boarding Gate. L'un versait dans l'énergie pure, la dynamo d'un autre monde, l'Asie ultramoderne, la Chine insouciante, avançant sans se retourner, amnésique jusqu'au vertige. La surprise de l'Heure d'été tient justement en ce qu'il regarde à nouveau vers cette Asie, nouveau centre du monde, mais depuis la France et qui plus est depuis une maison de campagne bourgeoise où ne rodent plus que la mort, le souvenir, l'héritage familial et culturel, beau, étouffant, encombrant.
Les enfants sont grands. L'une (on dirait Miou-Miou, mais non, c'est Juliette Binoche !) fait du design pour les Japonais, le plus jeune (Jérémie Renier) bosse pour une marque de baskets délocalisée en Chine. Reste Berling, économiste en crise, seul du clan à vouloir conserver par-delà le décès de sa mère (la toujou