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Critique

«Home» : c'est comment qu'on freine ?

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publié le 12 mars 2008 à 2h40

Il y a cette ville, Beyrouth, dont on ne savait pas si elle existait encore, se demandant même si elle avait jamais existé. Il y a Vienne, une autre histoire, une autre guerre, d'autres exils, d'autres récits. Et il y a les bois de la Styrie, la forêt autrichienne, la neutralité des grands paysages quelconques : ils font le vide autour d'eux, on s'y fond. Dans la voiture qui l'emmène vers l'usine à visiter, l'homme d'affaires (un type comme on n'en voit que chez Godard, un peu philosophe désabusé) sent les images monter. Il confond tout comme il se doit, les arbres à abattre de l'un lui évoquent avec précision les cèdres de l'autre. La parole s'empare du paysage, l'habite, le transforme. Il en devient l'otage. Il délire sa vie, une, deux, trois vies, fondues, lovées dans la langue du fantasme. Au volant de la voiture, l'adjoint. Jeune, désespérément pragmatique. Il n'entend rien, comprend que dalle. Mais il faut un second pour que la partie ait lieu, fut-ce cet imbécile heureux. A voir ces deux hommes marcher de dos le long des sous-bois, on pense à Straub, regardé ici comme le très grand chorégraphe du cinéma moderne. D'ailleurs, c'est Gisèle Vienne, connue pour être chorégraphe, qui tient le rôle de la serveuse autrichienne.

Découvert avec Casa Ugalde (un premier court métrage sentimental fabriqué à partir de cartes postales trouvées par hasard en Belgique), Patric Chiha - 32 ans, né en Autriche, d'origines libanaises, passé par le stylisme et par l'apprentissage du