Pendant un an, en 1998, Erick Zonca a été l'homme de la situation et celui que tous les jeunes cinéastes jalousaient. Présent à Cannes en compétition officielle avec son premier long métrage, la Vie rêvée des anges, ses deux comédiennes, Elodie Bouchez et Natacha Régnier, récoltèrent le prix d'interprétation ex aequo. Et Zonca reçut, lui, quelques mois plus tard, le césar du meilleur film. La Vie rêvée. est à la fois un succès critique et public. Le cinéaste enchaîne avec un film pour Arte (le Petit Voleur, donnant son premier rôle à Nicolas Duvauchelle), et puis plus rien. Que se passe-t-il alors ? Angoisse de la page blanche après l'ivresse des cimes ? Paresse ou dépression ? On annonçait son grand retour pour Cannes 2007, ce fut en définitive Berlin 2008, avec Julia, son premier film anglophone, tourné aux Etats-Unis.
Gri-gri. Julia se présente plus ou moins comme une réécriture du Gloria de Cassavetes. Cette référence transparaît à la fois par la présence flamboyante du personnage féminin (hier Gena Rowlands, ici Tilda Swinton), par son compagnonnage forcé avec un gamin et par le genre même du road-movie. On a bien senti dans les premiers papiers qui ont suivi la projection à la Berlinale que l'hommage cassavetien n'était guère porté au crédit du film, plutôt quelque chose qui faisait écran ou obligeait à un comparatif dont Zonca sortait à peu près systématiquement perdant. En fait, Julia existe très bien tout seul, comme