La cinéphilie n'a jamais été un état ou une qualité immuables. C'est une praxis. En philosophie marxiste, la praxis est, selon le Robert, «l'action par laquelle l'homme transforme son milieu pour répondre à ses besoins, en s'engageant collectivement dans des structures sociales déterminées par les rapports de production, et déterminantes de son être comme de sa conscience». Cette définition va comme un gant aux actuelles métamorphoses qu'emprunte la cinéphilie, sous l'effet océanique et globalisant de la numérisation.
Masse. Abstraction faite de la profusion des formats de compression ou de la diversité des formules (streaming, abonnement, location online, download to own, burn DVD, pay-per-minute, etc.), c'est bel et bien sous la bannière unificatrice d'Internet qu'émergent de très nombreuses et protéiformes offres de cinéma. Cette façon de consommer le cinéma chez soi, en haut débit et à la carte, pourrait bien devenir, au cours des années, un phénomène de masse : tout dépendra du comportement des principaux acteurs de l'industrie du film et en premier lieu de la façon dont Hollywood se décidera enfin à agir. Pour l'heure, l'usine à rêves semble tétanisée par son plus grand cauchemar : le piratage. Si les majors américaines savent parfaitement tirer profit du média Internet pour d'efficaces campagnes de marketing viral, elles semblent en revanche cruellement manquer d'initiative et d'imagination pour faire prospérer leur commerce en ligne.
Au tournant du