Les larmes de Madame Wang ne coulent pas en Chine. Le film y est interdit. Et même en France, il a fallu attendre six ans pour qu'il soit distribué après sa présentation à Cannes. Il avait été tourné et monté en douce, sans autorisation officielle. The Back, le nouveau projet du réalisateur, a quant à lui été arrêté, comme le reste du cinéma chinois, dans l'attente des Jeux olympiques.
Après avoir filmé l'homosexualité masculine dans le Protégé de Madame Qing, Liu Bingjian, 45 ans, continue à chercher les ennuis avec ce portrait d'une ex-chanteuse d'opéra convertie aux DVD pornos et à l'adultère, sur fond de flics ripoux et de traditions régionales piétinées.
Entreprise macabre. Vers la fin, elle reproche à son amant de passer sa vie dans les cybercafés. «C'est que je m'intéresse au sort de mon pays, lui répond-il. Si les terroristes s'échappent de prison, ils viendront peut-être tuer des gens chez nous.» Et de ponctuer d'un rire ironique, genre «ark ark». On a pendu des scénaristes pour moins que ça. Car contrairement à ce que peut laisser croire le titre, les Larmes de Madame Wang est une comédie et, qui plus est, drôle.
La pauvre Wang est accablée d'un mari joueur et alcoolo, ainsi que de la fille de la voisine, qui la lui a confiée avant de se tirer. La mioche refuse obstinément de manger d'un bout à l'autre du film et pleure de façon très convaincante quand on lui hurle dessus (normal pour une actrice de deux ans et demi). On ne se privera pas de noter la valeur tou