Ce week-end, la Cinémathèque française célèbre Emile Cohl (1857-1938), l'inventeur du dessin animé. Il y a cent ans, Cohl a créé Fantoche, le premier héros dessiné récurrent. Pourtant, Cohl, déjà âgé de 50 ans lorsqu'il entama cette nouvelle période de sa carrière, était plutôt un antihéros, un caricaturiste qui se moquait de toute conviction, politique comme artistique.
Ce premier film, qui ne dure guère deux minutes, s'intitule Fantasmagorie. Cohl a exécuté seul environ 2 000 dessins. En dépit d'une stylisation très sobre, avec un minimum de lignes blanches sur fond noir (utilisant l'effet du négatif), il déclenche un torrent d'images incongrues, surprenantes et surtout en perpétuelle transformation, première démonstration de l'effet «morphing». Un petit homme entre au cinéma et proteste à cause du chapeau aussi grand que ridicule d'une femme assise devant lui : une situation anecdotique prétexte à des scènes qui combinent un éléphant, une bouteille de champagne, un duel, une fleur carnivore. Ce tout premier film entièrement dessiné reste une merveille d'inventivité et de liberté. Pendant une décennie, Cohl enchaîne les films, la majorité en prises de vue réelles, mais souvent augmentées de trucages ou d'effets spéciaux. Il achèvera sa carrière, malgré des rapports difficiles avec les studios, avec pas moins de 300 titres à son actif.
Divergence. Le nom de Cohl aurait pourtant pu être associé à bien d'autres activités. Son petit-fils, Pierre Courtet-Cohl (décédé le 4