Drôle d'histoire. Jean-Pierre Limosin, cinéaste français qui filme le Japon comme peu d'Occidentaux savent le faire (Tokyo Eyes), rencontre Monsieur Kumagai, exerçant la moyennement respectable mais très impressionnante profession de yakuza. Les deux hommes se voient pour la première fois à Paris il y a deux ans et demi, à l'initiative de l'éminence de la mafia nipponne, de passage en France pour affaires. Il propose au cinéaste de réaliser un film sur son clan. «Nous avons passé beaucoup de temps ensemble à parler de cinéma, mais je n'étais pas intéressé au départ, dit Limosin. Trop d'inconnues : le Japon, l'univers des yakuzas, ma propre réticence à faire du sensationnel, l'incertitude pour évaluer le temps nécessaire au film.»
Rites. Monsieur Kumagai revient à la charge deux ou trois mois après leur rencontre, alors que Jean-Pierre Limosin se trouve à Tokyo pour donner des cours. «Je lui ai répondu, très poliment, que je ne ferais le film qu'à la faveur d'une situation particulière. Si, par exemple, un novice ne connaissant rien aux moeurs des yakuzas entrait dans le clan et que je pouvais suivre son initiation. Pour traduire mon propre cheminement de Candide.» Quelques mois plus tard, Kumagai rappelle Jean-Pierre Limosin. Naoki, 20 ans, allait faire son entrée dans le clan.
Le tournage du documentaire commence donc, mais sur un malentendu. «Je voyais cela comme un film sur l'apprentissage du mal, en suivant les premiers pas du jeune homme. Ku