John Lennon était-il un fieffé utopiste, persuadé qu'un jour il pourrait ne plus exister sur Terre ni conflit ni injustice, ou juste une superstar de l'agit-prop ayant compris tout le parti qu'il pouvait tirer du tourbillon médiatique que suscitait le moindre de ses battements de cils ? Les deux sans doute, si l'on considère la somme d'éléments et de témoignages collectés par David Leaf et John Scheinfeld.
Malgré le sérieux indéniable de l'entreprise, le documentaire les USA contre John Lennon ne nous divulgue cependant pas grand-chose. Sans doute la faute à un titre par trop aguicheur, dont on attend qu'il débouche sur quelque révélation fracassante (une tentative d'empoisonnement au polonium 210 ? Des mines antipersonnelles posées dans Central Park, où la baby-sitter promenait fiston ?) qui n'arrive jamais. Certes, en pleine guerre du Vietnam, avec tout l'émoi socioculturel que provoquait l'enlisement du conflit, les prises de position de Lennon n'étaient pas bien vues des autorités américaines ; mais on ne peut pas dire pour autant qu'elles aient sorti l'artillerie lourde pour le museler. Tout juste nous démontre-t-on qu'«utilisant la machinerie gouvernementale pour mener une guerre secrète contre le musicien le plus populaire du monde», le Président et son administration ont poussivement intrigué afin de tenter de l'expulser (il obtiendra finalement sa carte verte en 1976, après un marathon juridique).
Voilà pour l'aspect pétard mouillé des USA contre John