Musiciens professionnels, Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts et Ronnie Wood sont aussi les producteurs exécutifs de Shine a Light. Cette précision liminaire entérine l'abdication de toute impartialité dans le projet que pilote Martin Scorsese. Car Shine a Light n'a qu'un seul but, auquel il se tient de manière docile et méthodique : démontrer, par le son et l'image, qu'à l'âge des croisières Paquet, The Rolling Stones, eux, galopent encore comme des antilopes. Vrai, même si, étalé sur deux heures, le témoignage paraît ne devoir s'adresser qu'à ceux qui en sont déjà convaincus.
Mausolée. Les Rolling Stones ont été gâtés par le cinéma. Charlie is My Darling (P ete Whitehead, 1966), One Plus One (Jean-Luc Godard, 1968), Gimme Shelter ( Albert et David Maysles, 1970) et Cocksucker Blues (Robert Frank, 1972), quatre docus phare, ont jalonné les années de tous les dangers. Quarante ans plus tard, Scorsese scelle le mausolée. Entre The Last Waltz (sur The Band)No Direction Home (sur Bob Dylan), Du Mali au Mississippi et les B.O. de ses fictions, sa passion pour le rock et le blues est notoire.
Shine a Light emprunte d'abord la curieuse forme artificielle d'un making-of incertain. Scorsese pastiche Woody Allen en démiurge stressé. Vieux singe à qui on n'apprend pas à faire la grimace, Jagger donne la réplique («toutes ces caméras m'inquiètent»). Le concert est tourné au Beacon Theatre de New York (sa