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Libération
Critique

A coups redoublés

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publié le 23 avril 2008 à 3h12

Avant d'être un film, un funny game est un jeu, qui rend fou les comptoirs de bars dans toute l'Asie du Sud-Est. Vous posez un galet de bois, votre adversaire en pose un second, les gestes s'enchaînent avec une régularité d'ouvrier du bâtiment. Maintenant que tout est solidement en place, vous n'avez d'autre solution, pour monter d'un étage, que de retirer une pièce à l'édifice sans que cette tour, qui va de plus en plus de guingois, ne s'écroule. Commence alors un jeu cruel, une partie avec l'équilibre, contre lequel on ne peut que perdre. Selancer dans un funnygame revient à assister impuissant à l'effondrement, tôt ou tard, de ce que l'on a patiemment construit. Et comme dans sa chute le perdant entraînera aussi le gagnant, on peut en déduire que le funny game est un jeu auquel on ne gagne pas, mais auquel on n'a, au mieux, pas encore perdu. La première fois que l'on y joue, on ne voit vraiment pas ce qu'il y a de drôle. Mais pour refréner la frustration qu'entraîne un tel nihilisme, il vous faut recommencer la partie, encore et encore.

Cruauté. Michael Haneke vient de faire le remake américain de son propre Funny Games, tourné en Autriche il y a dix ans. Un remake au plan près. D'une exactitude effrayante. Il a recommencé la partie, au galet de bois près. Même équilibre, même cruauté sophistiquée, même destruction lente. La critique n'est pas un jeu marrant. Dommage. Si elle l'était, on pourrait se payer un papier gag mi-dada mi-feignant qui reproduirait à l