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Libération
Critique

«Les Citronniers», fable acide

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publié le 23 avril 2008 à 3h11

Comme le dit l'un des personnages des Citronniers, «seuls les films américains se finissent bien». Les Citronniers n'est pas un film américain, c'est une fable proche-orientale, celle du pot de fer contre le pot de terre ; mais ici, si le plus fort est celui qu'on sait, le plus solide n'est pas celui qu'on croit. Une fable au goût acide comme les citrons et suave comme la boisson qu'on en tire.

Salma Zidane est une veuve palestinienne, dont les trois enfants sont partis pour se marier ou tenter leur chance en Amérique. Il ne lui reste plus que son verger, hérité de son père. Son voisin, Navon, est le nouveau ministre israélien de la Défense. Rien ne les sépare, sauf la ligne verte, qui marque la frontière entre Israël et les territoires palestiniens occupés depuis 1967.

Monstruosité. Le lendemain de l'emménagement de Navon, Salma voit des ouvriers installer des caméras de surveillance, du fil barbelé et un mirador avec vue plongeante sur ses arbres. Des soldats et des gardes du corps, l'oreillette vissée à l'oreille, surveillent ses moindres faits et gestes. Mais ce n'est pas assez : on est en pleine Intifada et, d'après les services secrets israéliens, un terroriste pourrait s'infiltrer entre les arbres. Salma reçoit donc de l'armée l'ordre d'arracher ses citronniers. Elle devrait s'estimer heureuse : on lui promet un dédommagement. Mais elle décide de ne pas se laisser faire. Elle prend un avocat et va jusqu'à la Cour suprême, l'ultime recours dans un pays qui ne s'es