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Libération
Interview

Une certaine trempe

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Baffe. Premier film courageux du jeune réalisateur allemand Jan Bonny, «l'Un contre l'autre» visite la planète interdite des hommes battus. Une claque.
publié le 30 avril 2008 à 3h16

L'Un contre l'autre de Jan Bonny avec Victoria Trauttmansdorff, Matthias Brandt. 1 h 36.

Lors de leurs crises conjugales, Anne et Georg ont pris l'habitude de se battre. L'homme est massif, la femme frêle, mais c'est pourtant la femme qui bat l'homme, le roue de coups avec tout ce qui, dans leur appartement, lui tombe sous la main et le finit à coups de pieds dans les flancs. Un homme battu. Ce n'est pas du tout ce à quoi on s'attendait, puisque le cliché social, hélas statistiquement validé, nous a habitués au contraire. Mais la qualitéprimordiale de ce premier film du jeune (29 ans) Jan Bonny consiste justement à déjouer pas à pas tout ce qu'on pouvait en attendre.

S'ouvrant sur une ronde de nuit dans les faubourgs d'une ville allemande non identifiée, le ton semble être celui d'une chronique policière. Georg Hoffmann est officier de police, plutôt courageux puisqu'on le découvre en train de circonvenir un forcené qui a pris en otage et mis en joue un de ses collègues. Derrick, le retour ? Georg en a le gabarit. Sauf que le collègue, une fois l'agité maîtrisé, est obligé d'admettre aux yeux de tous, qu'il a pissé dans son froc. Une vanne fuse : «Monsieur Pipi.» Premier pas de côté. Suivi d'un autre quand le super-flic rentre à la maison, un bouquet de fleurs à la main pour sa chère et tendre. C'est un couple de quadragénaires, petits bourgeois dans un appartement au diapason. Ils s'embrassent à se retrouver le soir, les baisers ne sont pas ceux d'un vieux couple, le b