Question présentation, pas de différence entre les films et les hommes. Entre ceux que l'on brûle d'envie de connaître, ceux qui font tellement de bruit qu'à peine sortis on voudrait déjà qu'ils se cassent, ceux qui ont tout, bonne réputation bonne gueule, ont la cote, mais qu'on attend au tournant, la vie cinéphile a comme un air de déjà-vu. En grattant un peu, on pourrait même reconnaître les amis d'amis, films de passage qu'on ne reverra jamais, et les coups d'un soir, d'une projo. Et puis, en direct du fin fond de la salle, il y a celui dont personne n'a jamais entendu parler, le film bel inconnu. Qui arrive sans papiers, ne parle pas la langue, ne connaît pas les codes. S'il a le charme de la maladresse, il peut même se payer le luxe de débarquer au plus mauvais moment.
Beau cliché. Wonderful Town sort une semaine avant le grand cirque cannois. C'est pas de chance : tout le petit monde critique a l'esprit ailleurs. Les plus inquiets vont en projection tartinés de Terracotta, la rondelle de concombre sous les yeux, et il doit bien se trouver un ou deux malades mentaux pour DÉJÀ arpenter la Croisette, cherchant à interviewer avant tout le monde des pots de géraniums. On en connaît même qui ont choisi de se terrer dans des pays au bord de la guerre civile, pour mieux se préparer au pire.
Autre coup de malchance : la Thaïlande, petit îlot cinéma, a déjà son très grand cinéaste (l'hypnotique Apichatpong Wheerasethakul) et d'aucuns estiment que le travail a été fait et