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Libération
Critique

L'amour au portable

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publié le 7 mai 2008 à 3h21

J'aimerais partager le printemps avec quelqu'un a été tourné par Joseph Morder avec un téléphone portable, à la demande du festival Pocket Films. Cela dit, on n'est guère plus avancé. Un peu poule devant ce couteau, sorte d'objet filmant non identifié. Serait-ce un almanach ? On le croit, puisque sa continuité est indexée sur des dates (de févier à mai 2007) et sur la météo, aussi bien climatique que politique : annonce de soleil aux prémices du printemps, avis de grand froid dans le ciel de l'élection présidentielle le soir du 6 mai 2007.

Epanchement. Mais Morder parle sans cesse d'une voix off qui se retrouve personnage très principal. C'est donc un ciné-journal, nouveau volume d'une encyclopédie de sa vie entreprise il y a trente-sept ans, quand, le jour de ses 18 ans, Morder a eu sa première caméra. Depuis, il a réalisé près de 800 films sur tous formats (Super 8, 16 mm, Super 16, vidéo) et de toutes longueurs, de l'ultra bref (ciné-haïku) au «normalement» long, comme celui-ci, qui fait quatre-vingt-cinq minutes.

La nouveauté, c'est qu'ici le journal se double d'un banc d'essai. Le film s'ouvre sur l'apprentissage en direct de la caméra-téléphone, surprise qui se décline en un festival enfantin de «bonjour» et de «pause». Les premiers jours, qui ne durent que quelques minutes, sont énigmatiques («qu'est-ce que je cherche ?») et un peu ennuyeux des deux côtés de la caméra. N'était une confidence presque inaudible : «Cette caméra me sert à m'épancher.» C