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Libération

Quarantième rugissante

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publié le 14 mai 2008 à 3h26

Cannes adore les célébrations, ce qui n'est pas précisément une révélation. L'année dernière, le champagne avait coulé à flots pour le soixantième anniversaire de la compétition. Cette fois, tout le monde tend à nouveau sa coupe en l'honneur de la 40e édition de la Quinzaine des réalisateurs. Vu le caractère épique de la cohabitation entre les deux sélections, personne ne sait si la tournée générale servira du mousseux ou de la cuvée grand cru. Toujours est-il que l'étourdissant bilan de la Quinzaine, la mythologie qu'elle a réussi à inspirer à tous les cinéastes du monde et les innombrables péripéties qui ont accompagné sa création, son épanouissement mais aussi sa survie, valaient bien qu'on revienne sur ses fonts baptismaux.

Effervescence. La Quinzaine des réalisateurs, première du nom, a eu lieu lors de l'édition 1969 du Festival de Cannes, mais son acte de naissance a été prononcé un an plus tôt, dans la tourmente du Festival 68, interrompu pendant «qu'à Paris, le sang coule», pour reprendre les mots de François Truffaut. Le contexte est, il est vrai, un peu particulier. Pour le cinéma français, Mai 68 a commencé en février avec les manifestations de soutien à Henri Langlois, patron de la Cinémathèque, viré par André Malraux. Langlois est sauvé, les grèves s'installent, Nanterre s'agite et c'est tout un petit monde en effervescence qui débarque sur la Croisette où, pendant ce temps-là, les cocktails se succèdent dans l'ambiance funèbre d'un festival qui espère pas