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Libération
Critique

«Milestones», le paradis perdu

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publié le 15 mai 2008 à 3h28

Milestones a 33 ans. Sept de moins que la quadragénaire Quinzaine (où il fut présenté pour la première fois, en 1975), sept ans de moins que Mai 68, dont il est pourtant le représentant synthétique, le maëlstrom qui reprise un à un les idéaux de l'époque : la révolution, le retour à la terre, le chant des minoritaires, la fin d'une vie bourgeoise.

Fluidité. Cette aventure à la fois révolutionnaire et écologique autour de «l'homme, l'eau, l'air, la terre, le feu» renaîtra de ses cendres lundi. Milestones sera projeté pour la première fois en 35 mm (autrefois, il voyageait en 16 mm) dans une copie restaurée avec l'aide conjuguée de la Cinémathèque du Portugal, du Musée de Turin et de la Cinémathèque française. Le soir de sa présentation, les non-Cannois (s'il en reste) pourront le suivre sur CinéCinéma, en attendant une sortie en salles à l'automne, et un DVD-livre que la société Capricci envisage de pour 2009.

Milestones dure trois heures quinze - bonjour le fleuve. Trois heures quinze morcelées, portées par une une fluidité étrange, comme si Robert Kramer et le méconnu John Douglas (cinéaste militant, passé depuis à la vidéo de synthèse) avaient compris que pour embrasser l'Histoire, rien de mieux que de se laisser emporter par son courant.

Quand vient Milestones ? Quand le lit se retire, quand il n'y a bientôt plus rien que l'assèchement des eaux, quand il ne reste à contempler qu'un désert et ses cailloux. «Milestones», à traduire, cela donne des bornes,