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Libération
Critique

«Leonora», l'amer courage

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publié le 16 mai 2008 à 3h29

C'est le genre de film dont on craint a priori qu'il ne soit pas assez fort en cinéma pour soulever le poids très lourd de son sujet. Et quel ! Suite à une double tentative de meurtre qui la surprend au réveil d'une nuit visiblement très agitée (chaos dans l'appartement), Julia est arrêtée puis mise en prison où, suite à sa condamnation, elle restera une dizaine d'années.

Paumées. Mais Julia subit sa double peine à elle. Enceinte au moment du fait divers, elle accouchera en taule et y élèvera Thomas, son petit garçon. Plongée dans l'enfer pénitentiaire avec pittoresque local (le film est argentin). Danger, docu-drama !, se dit-on. Sauf que pas du tout. La subtilité est constamment de mise. Par exemple sur la question de l'homosexualité féminine. Qui n'est pas la question posée par le film. Dans cette taule chauffée à blanc dont une section sert de nursery, le souci commun à toutes ces rudes mamans, n'est pas la sexualité mais la promiscuité et la seule issue possible pour allumer un rien de chaleur humaine : une épaule où nicher son chagrin et des caresses tendres pour tenter d'apaiser la chair.

De même pour la division du travail entre les détenues à cran et leurs gardiennes rogues dont il n'est jamais dit ni montré qu'elles sont des salopes ou des «enculées» comme les appellent les prisonnières, mais au contraire des paumées qui ont provisoirement la chance d'être du bon côté des barreaux. Inversement, les détenues ne sont ni anges ni victimes, entre celles qui se cas