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Libération
Critique

«Charlie» : jugement de valeurs

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publié le 17 mai 2008 à 3h29

Depuis cette fameuse édition de Mai 68 où il collapsa, le festival de Cannes a développé une phobie salubre : il craint plus que tout l'accusation d'autisme et s'échine énergiquement à ne pas rester étanche aux mouvements du monde et de la société. Etre une chambre d'écho d'un certain état des choses politiques fait ainsi peu ou prou partie de l'idée qu'il se fait désormais de sa mission. C'est dans cette perspective qu'il faut s'expliquer la place accordée au documentaire de Daniel Leconte, «C'est dur d'être aimé par des cons» : le procès, qui propose une immersion live, suivie au jour le jour et complétée d'entretiens réalisés a posteriori, dans ces fameuses journées judiciaires où Philippe Val, patron de Charlie Hebdo, était poursuivi par plusieurs organisations musulmanes à la suite de caricatures publiées par son journal. En tant que documentaire, le film ne découvre rien et ne démontre pas davantage : il ne s'agit pas pour Leconte de s'assigner une position de neutralité qui pèserait le pour et le contre pour chacune des parties. Plus proche du registre du reportage que du document, il s'assimile le plus souvent à une caméra embarquée au flanc de Philippe Val, ses fous rires, son appétit de vaincre, parfois ses inquiétudes.

La position où campent le cinéaste et son film est univoque dès l'origine : résolument du côté de Charlie Hebdo et du droit absolu à la caricature. Comme cette position est à peu près unanimement partagée par la profession, ainsi