«Que se passera-t-il à Noël ? Rien, sans doute», entend-t-on de la bouche de Mathieu Amalric au hasard du premier film français de la compétition. Que s'est-il passé vendredi soir ? Rien, sans doute. Un petit rien de rien du tout, 2 h 23 du nouveau film d'Arnaud Desplechin, en majesté. Le festival de Cannes vient de commencer.
Mythologie. Quelques secondes avant de faire semblant de minimiser le programme des festivités de Noël, Henri (Mathieu Amalric), malsain à souhait, une ordure, la pire de toutes, de celles qui ne prennent même pas la peine de vouloir séduire, dévisageait ses compatriotes : sa soeur Elizabeth (Anne Consigny), qui lui a barré l'entrée de la famille, son petit frère Ivan (Melvil Poupaud, à son meilleur) autrefois fêlé et désormais sauvé, ravi. Il pose les yeux sur son père (Jean-Paul Roussillon), replié sur son territoire, la musique, comme dans une bulle - il en est ainsi depuis la mort d'un plus petit frère -, et sa mère, «la femme de [son] père» (Catherine Deneuve, plus classe que jamais), sa mère, qui peut le dévisager tout en fumant une cigarette et, avec un calme presque réconfortant, lui balancer qu'elle ne l'a «jamais aimé». Contemplant cette crèche vivante, cette famille réunie pour l'occasion (entre la gravité du deuil et l'ivresse hystérique de la résurrection), il savoure : «On est ici en plein mythe et je ne sais pas de quel mythe il s'agit.» Comme effectivement ici maman s'appelle Junon, la mère de tous les dieux d