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Libération
Critique

Faim de justice

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publié le 17 mai 2008 à 3h29

Si la grande peinture européenne a représenté des milliers de fois la crucifixion de Jésus, ce n'est pas seulement par dévotion mystique, mais comme une manière de traiter du motif du cadavre que le dénuement d'un messie décharné rendait proche du commun.

Agonie. Dans Hunger, Steve McQueen retravaille avec talent cette imagerie du supplice universel en s'emparant d'une figure héroïque de l'IRA, Bobby Sands, ce jeune «terroriste» républicain condamné à quatorze ans de prison pour ses activités politiques antibritanniques. Sands purgeait sa peine dans les geôles de Maze (banlieue de Belfast) quand il a entamé une grève de la faim totale, le 1er mars 1981, afin que lui et ses compagnons de lutte obtiennent le statut de prisonnier politique et non de droit commun, statut accordé jusqu'en 1976 puis supprimé.

Son agonie a duré soixante-six jours. Il meurt le 5 mai 1981. 100 000 personnes assisteront à ses funérailles et l'inflexible Margaret Thatcher déclarera pour toute épitaphe que Sands avait eu le loisir de choisir sa mort, ce qui n'était pas le cas de ses victimes.

Artiste de réputation internationale, l'Anglais Steve McQueen, 39 ans, réalise ici son premier long métrage, mais son oeuvre exposée dans les musées et galeries est déjà riches de nombreuses vidéos.

«Contestation». Le film peut se décomposer en trois temps : la grève de l'hygiène, où l'on voit des jeunes prisonniers nus enfermés dans des cellules aux murs tartinés d'excréments, passés à tabac par leurs matons. P