La chemise blanche, l'air burlesque ne tromperont personne : le Bertrand que joue à la perfection Mathieu Amalric dans De la guerre est cinéaste. Il est fondu en son modèle. Mais chez Bonello, l'autoportrait supposé est le commencement du délire. Détournée, la part biographique pour aboutir à autre chose : une expérience, peut-être ? De la guerre. Celle d'un garçon qui a peur de ne plus retrouver la grâce. Qui sait que ce sera long, laborieux, douloureux. Cela demandera à remettre en jeu chaque journée, chaque chose apprise, une quête qui l'emmènera jusqu'au Royaume, une secte tenue par une louve (Asia Argento) et son lieutenant Guillaume Depardieu. Entre autres exercices, on y joue la folie comme rigueur, entre macramé et psychiatrie sauvage, mi-clinique Laborde mi-Animal Collective. Mais le collectif, ni Bertrand (le personnage) ni Bonello (le cinéaste), n'est doué pour, ce qui sanctionne un tantinet la partie centrale du film. La caméra se tient volontairement à l'extérieur du délire, comme si, inconsciemment, Bonello ne pouvait s'empêcher de la montrer comme un simulacre d'expérience, décevante.
Parti pour parti, il s'enfoncera seul en forêt, combattre des escargots, ses araignées, en se prenant pour le colonel Kurtz d'Apocalypse Now. A ce stade, le film joue le tout pour le tout : soit c'est ridicule et adieu, soit ce seront les retrouvailles filmées avec l'inquiétude et la sidération. Alléluia : ce sera la grâce. On en reparle longuement à l'