Il est un peu plus de 10 heures du matin et Brillante Mendoza a les yeux rouges. Cannes, bien sûr ? Les folles soirées, les flots de champagne ? Fausse piste. «Je suis un peu fatigué parce que cette nuit, on a encore travaillé sur le film.»Serbis(Libération du 19 mai) est passé la veille en projection de presse, mais le réalisateur affirme qu'il y a encore pas mal de boulot, notamment sur la bande-son très soignée avec des alternances de bruits de rue assourdissants et de murmures intimes. «Ça a été une course contre la montre. Nous avons commencé le tournage le 21 mars et nous avons appris à la dernière minute que le film était sélectionné. Même avec un tournage de douze jours, c'était serré.» Douze jours en quasi-huis clos dans ce majestueux cinéma porno, palais agonisant qui est la toile de fond du film, abritant une famille nombreuse et une farandole de travelos, prostitués et michetons de passage pour une petite pipe entre amis. «Cette salle existe encore, sans doute pas pour très longtemps si on en juge à son état. Elle est dans ma ville natale, à Angeles où j'ai tourné tous mes films.»
Ses films de fiction du moins, car, pour le reste, il a une solide carrière d'homme de télévision derrière lui. A 48 ans, Brillante Mendoza est le premier réalisateur philippin à être invité en sélection officielle depuis vingt-quatre ans, après Lino Brocka. «Je suis ravi évidemment, mais il y a quelque chose de troublant. Je ne crois pas que les Phi