La «radicalité» de la Quinzaine des réalisateurs, promise par son patron Olivier Père pour célébrer avec risque et grandeur cette édition du quarantième anniversaire, s'est particulièrement illustrée hier, avec les projections coup sur coup du nouveau film de Lisandro Alonso, Liverpool, et des deux derniers courts métrages de Jean-Marie Straub, le Genou d'Artémide et Itinéraire de Jean Bricard (lire p. 28).
Echo. La conjonction ne saurait être fortuite : quel que soit l'écart entre les années de naissance du jeune lynx argentin (1975) et du vieux lion lorrain (1933), aucune espèce de fossé générationnel ne sépare leurs cinémas. Leurs films semblent se parler, se faire écho ou se rapprocher en silence. Qui se ressemble s'assemble, ont pu penser à bon droit les programmateurs.
Alonso est sans aucun doute un enfant de cinéma des Straub : à la manière d'un Pedro Costa de l'hémisphère sud, il a entrepris une oeuvre sans concession, implacable et pour l'instant très régulière, dont on pourrait facilement recenser les robustes principes. Des héros solitaires, des mondes sauvages, des natures orgueilleuses, des microsociétés silencieuses, des plans qui mélangent incroyablement le plus grand calme et la plus extrême tension, des quêtes existentielles et, in fine, des vérités terribles, presque indicibles, et qui d'ailleurs ne sont que suggérées.
Escale. Liverpool ne déroge pas au schéma. On y suit le marin Farrel, qui demande au capitaine de son cargo la perm