Le contraste est plutôt saisissant. Entre la jeune fille hilare qui débarque, pimpante, pour l'interview et l'héroïne du Silence de Lorna, jeune Albanaise introvertie et mélancolique, il y a un monde. Même son langage, mélange efficace d'anglais et de français tendance belge (elle dit «les années nonante»), a quelque chose de joyeux, presque insouciant. Arta Dobroshi est manifestement enchantée d'être à Cannes avec toute l'équipe du film dont, évidemment, les coréalisateurs double palmés d'or Jean-Pierre et Luc Dardenne. «C'est ça qui m'a donné envie de faire ce métier. La vie en communauté, la responsabilité de chacun pour un but précis, le fait d'être dans le même bateau. J'ai découvert ça en prenant des cours de comédie dans l'universitéaméricaine où mes parents m'avaient envoyée à 15 ans.»
Révélation. Durant les quelques mois passés à Albany, dans l'Etat de New York, elle se destine à des études artistiques, mais elle doit choisir entre les arts graphiques et le théâtre. «Devenir peintre signifiait la solitude et je voulais le contraire. Ce n'était pas le fait d'être sur scène en particulier, c'est tout le processus, du début à la fin, qui me passionne. Je m'en suis aperçue lorsqu'à la fin d'une longue journée de travail, tout le monde était fatigué, sauf moi.»
Cette révélation artistique a sans doute quelque chose à voir avec l'enfance d'Arta Dobroshi. Née en 1979 à Pristina, au Kosovo, elle vit comme tout le monde, la tension quotidienn