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Libération
Critique

On dirait l'aurore

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publié le 23 mai 2008 à 3h35

Alors voilà : la Frontière de l'aube pointa. et le soleil fut. Le vrai soleil, celui qui brûle la peau, inonde enfin la Croisette et incendie l'écran. Le grand Phébus du cinéma de Philippe Garrel, cette flamme primitive inextinguible dont le cinéaste et son film ont porté la torche au coeur du si bien nommé auditorium Lumière. Ah ! Si ce soleil avait aussi pu cramer dans son feu d'enfer les douze trous du cul qui ont tenté de pourrir la projection de leurs ricanements ringards. Ceux-là, décomplexés, nous ramenant vingt ans en arrière (les persifleurs de Duras, d'Oliveira, de Godard) en manifestant devant des effets de fantastique qui, pour une fois, ne provenaient pas de l'industrie du cinéma gore, mais de la littérature symboliste et romantique (Spirite, la nouvelle de Théophile Gautier pour source d'inspiration), du cinéma des premiers jours. Devant des apparitions qui évoquaient l'innocence d'un Murnau, ces cons finis riaient, pour bien faire connaître «qu'à eux on ne la fait pas». Eux à qui on la fait tout le temps. Misère.

Laissons-les là, puisqu'en face, sur la toile neige de l'écran, il y a ce 28e Garrel, beau, hanté. La Frontière de l'aube est encore plus un film d'amour que tous les films de Garrel, même s'il n'a pour ainsi dire jamais filmé autre chose que ça. Mais en prenant le pari d'inscrire dans un même film la naissance de l'amour, l'échec de l'amour, le renoncement à la passion, la résignation et les regrets qui travaillent «en fantômes»,