Sean Penn avait prévenu avant l'ouverture du Festival que le palmarès de son jury serait politique. On n'est pas déçu. En récompensant Gommora, Che, Il Divo, Linha de Passe et, pour couronner le tout, Entre les murs (palme d'or), les choix sont effectivement engagés. Gomorra de Matteo Garrone est un réquisitoire contre la mainmise de la mafia sur la ville de Naples. Il Divo de Paolo Sorrentino reconstitue les années Giulio Andreotti, ancien président du Conseil et sphinx incoulable de la Démocratie chrétienne. Deux films italiens qui consacrent le retour d'une des plus belles cinématographies du monde, plutôt mal en point ces dernières années. Il n'est pas rien que ce retour s'effectue dans la lignée de ce qui fut une des traditions les plus fortes dans la Péninsule : le cinéma politique et militant, à l'instar d'un Rosi (Main basse sur la ville) ou d'un Bertolucci (Novecento).
«De gauche». Plus «peopolitique», Che de Steven Soderbergh, 4 h 30 d'hagiographie, présentée dans un montage en deux époques, qui probablement ne sera jamais projeté en l'état en salles, tout du moins aux Etats-Unis. Le prix le plus évident à remettre à ce film «de gauche» au sens américain du terme était de récompenser sa seule et unique star (par ailleurs coproducteur) Benicio Del Toro. Plutôt imposant en Clausewitz de la lose, sans jamais vouloir aborder la part sombre du personnage historique qui fut le Robespierre de la révolution cubaine.
Linha d