Bref récapitulatif. L'Islande est une grande île frisquette, certes européenne mais un peu paumée vers le cercle polaire, sa capitale est Reykjavik et le pays compte, tout compris, 310 000 habitants, dont Björk. A part cette dernière, les distractions y sont rares, les paysages urbains sont d'une gaieté à s'ouvrir les poignets, le tissu social est presque consanguin compte tenu de la faible densité de population et la météo est en noir et blanc. Tout comme Children dont le seul fait qu'il soit islandais constitue une carte d'identité singulière.
Poire. Le film de Ragnar Bragason parle de la solitude ou plus exactement, de l'isolement. L'isolement d'une poignée de gens, étouffant silencieusement dans le carcan de leur existence banale à pleurer. Les uns sont résignés, d'autres tentent de se révolter mais personne n'y échappe. A chaque plan, chaque dialogue, on reçoit en pleine poire le désespoir qui suinte de tous les côtés. Bragason joue sur tous les registres de cet autisme de société, de l'incompréhension tragique à l'absurde confinant à la comédie. Le réalisateur, qui concède volontiers son admiration pour Mike Leigh, Jean-Luc Godard et John Cassavetes, a travaillé pendant plusieurs mois avec la troupe de théâtre Vestuport pour préparer deux films, Children donc, et Parents, pas encore sorti en France. Au programme de ce collectif, création des personnages par les comédiens eux-mêmes, improvisations et écriture du scénario dans lequel chaque individu