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Libération
Critique

OEuvre pour lutte

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publié le 4 juin 2008 à 3h44

Le Sénégal est un pays sympa : là-bas, pour faire sa muscu, au lieu de s'enfermer dans une salle qui pue, on empile un pote sur ses épaules et un autre sur ses reins, et hop, on court sur la plage. Après, on se roule dans le sable et comme on est foutu comme un dieu, c'est très agréable à regarder. Qu'on ne rêve cependant pas, dès les premières minutes, le prof de lutte avertit son élève : «Rattache ton pagne. Il ne faut pas qu'il se détache.» Déception dans la salle.

Dérive. Cette fiction sur la lutte traditionnelle sénégalaise traite plutôt de danse, de chant et de secret que de poing dans la gueule. Rien que par son champ lexical, la «lutte» est déjà un truc biblique ou homérique. On comprend donc assez vite que l'essentiel n'est pas forcément de vaincre mais d'apprendre à trouver son équilibre et à envisager la possibilité de perdre. Une scène de dérive sur le fleuve, tendance Aguirre, avec récit hypnotique du griot (qu'on aurait aimé décrire autrement qu'avec notre imaginaire moisi de colonisateur) est là pour l'exemplifier : dans la lutte, il y a le corps beau mais aussi l'heureux nard et une forte préparation spirituelle.

L'Appel des arènes commence comme un polar blaxploitation, avec scène de course et gros funk dans la rue. Il y a Nalla, jeune bourgeois à mère pesante, Sory (le bien nommé) dans le rôle de son agresseur et André, un lutteur qui va secourir Nalla, se prendre d'amitié pour lui puis le prendre sous son aile. A côté de ce duo très visuel, on