Il cite Monteiro, les Straub, Moullet, le Godardde Deux ou trois choses que je sais d'elle. Pas du tout Varda qu'on lui proposait, avec son paradigme du «documenteur». Frédéric Ramade, 40 ans, est donc plutôt installateur de corps que documentariste. Lui-même se déguise (en paysan du XIXe siècle, en GI) pour intervenir dans ses films. La subjectivité absolue de son regard devient le garant d'un réalisme neuf, laissé à l'appréciation du spectateur, sans leçon, sans conclusion.
Ode pavillonnaire est une sorte d'autobiographie architecturale, qui met en scène toute la famille du réalisateur, de Bénédicte à Jean-Louis, en passant par Françoise. Il y a aussi Fondettes, ville de Touraine, et le lotissement où Ramade a grandi, comme nombre de Français, dans les années 70. Un pan de l'histoire des Trente Glorieuses, où le rêve de la classe moyenne était l'accession à la propriété, aisément satisfait par une invention industrielle venue des Etats-Unis : la maison en kit, dite aussi «pavillon», parce que ça fait plus chic.
Pour décrire l'objet de cette ode, on peut difficilement faire mieux que la fausse accroche publicitaire pondue par son auteur : «Comment une famille ordinaire parvient à sortir du joug aliénant de la propriété grâce au secours providentiel de Marcel Duchamp [.]. Un hommage aux papiers peints à fleurs et aux anarchistes. Une mise en abîme romantique de la platitude architecturale. Un hymne au bricolage de la pensée critique et à la nécessité d'en rire.»
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