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Libération
Interview

Supplément Van Damme

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publié le 4 juin 2008 à 3h44

Il arrive aujourd'hui au cinéma d'action ce qui était tombé sur la gueule du cinéma d'auteur il y a trente ans déjà : un moment autoréflexif. Une crise de maturité. JCVDest une fiction qui déshabille un mec qu'on aime bien parce que sous la couche sémantique toujours délirante et inséparable de son auteur, Jean-Claude Van Damme est un des derniers warriors de cette époque. Le rencontrer vaut toujours mieux que de passer une heure avec un jeune acteur insipide. JCVD partage ce goût un peu gonzo : l'affaire menace toujours de dérailler, mais touche au but. Analyse sauvage, autodérision (qui est toujours une gymnastique de l'intelligence), «Van Damage» y démolit l'armure, se castagne avec son pire ennemi : le personnage Van Damme.

«Prendre deux mois de ta vie pour faire une bonne blague sur Van Damme. Investir du temps pour faire un film rigolard où il va faire "aware", pitié !!!» Mabrouk El Mechri, la trentaine biberonnée à Kickboxing et autres cinémas hongkongais déviants, épaule ce légionnaire en déroute, 48 ans et enfin zen comme avait su l'être, lui aussi sur le tard (Poteaux d'angle, Gallimard, 1981), un autre poète, un autre Belge, Henri Michaux : «Avec tes défauts, pas de hâte. Ne va pas à la légère les corriger. Qu'irais-tu mettre à la place ?»

Dans JCVD, Jean-Claude Van Damme joue son propre rôle, version déchue, Bouvelard du crépuscule karaté et K.O. debout. Conversation avec une légende vivante.