Evidemment, on pense à Antonioni. Faire disparaître sans explication rationnelle celui qui, vingt-cinq minutes durant, s’était imposé comme le personnage principal, c’est toujours prendre le risque périlleux d’entrer en comparaison avec l’Avventura, le coup de force par lequel le cinéma moderne a commencé. Antonioni pour Antonioni, c’est aussi à Identification d’une femme, film tardif et branché sur le cosmos, que renvoie le premier long métrage d’Eric Forestier, jeune réalisateur déjà repéré à Belfort, Pantin ou New York : même attrait pour la constellation des étoiles, les failles du temps dans lesquelles le réalisme apparent du récit viendra s’abîmer.
Emma rencontre François dans un aéroport. Ils se parlent du trou noir et du soleil mourant - François est chercheur en astronomie. Plutôt que de prendre un avion pour Paris, il emmène la blonde et évanescente Emma dans la maison de campagne familiale. Un amour va naître, pastoral et évasif. Mais François, au petit matin du troisième jour, n'apparaît pas. François a disparu, pour de bon : avalé par le temps. François avait un frère, Michel. Qui va emmener Emma dans ses recherches. Lui aussi va l'aimer. Et disparaître à son tour.
Qu'est-ce qui ne fonctionne pas dans la Troisième Partie du monde ? Le manque de moyens ? Une mise en scène qui se cherche encore ? Le problème est ailleurs : en opérant aux deux tiers du film une seconde disparition, Forestier choisit la série au détriment du sortilège. Pourta