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Libération
Critique

«Horten» hors temps

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publié le 18 juin 2008 à 3h55

Il faut patienter cinq bonnes minutes avant que les premiers mots ne soient prononcés et ce laconisme liminaire condense avec justesse l'ingratitude d'un train-train aussi linéaire qu'effarant.

A 67 ans, Odd Horten part à la retraite. Soit. Mais filmer les derniers instants de sa vie professionnelle quasiment en temps réel n'est pas le meilleur service à rendre au récit.

Conducteur de locomotive, ce grand moustachu se voit remettre une «locomotive d'argent» par la guilde des cheminots - grand moment d'ethnocentrisme, avec banquet et quiz sonore. Puis il soliloque au côté de sa vieille mère grabataire, ancienne adepte du saut à ski ; décide de vendre ce bateau auquel, apparemment, il tenait tant ; cherche un certain Flo dans un aéroport et atterrit seul sur le tarmac, où on interpelle cet individu au comportement étrange ; entre dans une boutique où il apprend que le vendeur de pipes à qui il souhaitait rendre visite vient, précisément, de casser la sienne (de pipe), etc.

Plus ou moins saugrenue en apparence, chaque scène de la Nouvelle vie de Monsieur Horten - présenté au dernier Festival de Cannes dans la catégorie Un certain regard - baigne dans une lumière bleutée et une atmosphère torpide qui bride la curiosité. Le climat est rude (pluie verglaçante, neige, froid), la mort, jamais très loin et Monsieur Horten presque impavide.

Partant, on comprend chez le cinéaste norvégien Bent Hamer (Factotum, Kitchen Stories) l'ambition subtile d'instiller une douce excentri