Menu
Libération
Critique

Blessé de guerre

Article réservé aux abonnés
Sabra et Chatila. Documentaire animé, autobiographie politique et introspection onirique, «Valse avec Bachir» bouscule les genres pour évoquer avec une puissance renouvelée les crimes de la première guerre du Liban.
publié le 25 juin 2008 à 4h01

Le 21 août 1982, après quatre-vingts jours d'invasion du Liban par Israël, un premier bateau de fedayin palestiniens quitte Beyrouth par mer. Yasser Arafat prendra le dernier navire, le 30 août. Béchir Gemayel, chef des Kataëb (phalanges chrétiennes) est élu président de la République le 23 août, malgré un boycott massif des députés musulmans. Le 2 septembre, il a une entrevue, tenue secrète, à Nahariya avec son allié israélien Menahem Begin. Il revient la nuit même à Beyrouth par hélicoptère. Amer, il confie à ses plus proches camarades : «Le vieux m'a traité comme le bell boy de son hôtel.» La révélation par Israël, deux jours plus tard, de cette rencontre étrangle dans l'oeuf les promesses de rapprochement lancées par Gemayel aux différents partis musulmans en vue d'une hypothétique unité nationale.

Vengeance. Le 14 septembre, à 16 h 10, une charge de 300 kilos de TNT tue Béchir Gemayel. Le lendemain matin, les forces israéliennes pénètrent dans Beyrouth-ouest. Les 16 et 17, ce sont entre 700 et 3 500 Palestiniens qui sont massacrés dans les camps de Sabra et Chatila, au sud-ouest de Beyrouth. Le 20, les miliciens Kataëb, que tout désigne car assoiffés de vengeance, se disent «non responsables». Le 26, après que Washington eut exigé leur départ, les troupes israéliennes finissent d'évacuer Beyrouth-ouest. L'histoire, en partie grâce à la commission Kahane, mettra deux décennies à établir que le massacre avait bien été pratiqué par les milices phalangis